Comme à toutes les fêtes d’Halloween, Kathleen restait chez elle, au bout de la ruelle, devant la télé, en espérant ne pas avoir à ouvrir la porte. Les petits ne la dérangeaient pas mais elle prenait toujours le soin de ne pas mettre de décorations à l’extérieur. Kathleen était quelqu’un qui préférait rester seule chez elle plutôt que de sortir avec ses amis. Surtout depuis que son copain l’avait quittée. Elle s’était beaucoup renfermée à ce moment-là. Les gens du quartier ne la voyaient que très rarement quand elle rentrait des courses.
À l’intérieur, seule la lumière de la télévision et quelques bougies sur la table étaient allumées. Le reste de la maison n’avait pas de guirlandes ou de lampes qui illuminaient les pièces. À moitié endormie, devant ses chips et son film d’horreur, elle commençait à se laisser sombrer dans le monde des rêves, quand soudain, des cris attirèrent son attention. Les gémissements ne durèrent que quelques secondes. Aussitôt le son disparut, Kathleen se redressa sur son canapé, étonnée, mais n’y prêta plus attention. Les gémissements se répétèrent plusieurs fois, et surtout, de plus en plus en fort. Elle éteignit sa télé pour pouvoir mieux en discerner la source. Elle se leva, alluma la lumière du salon et réécouta attentivement.
– Ils ne proviennent pas de l’extérieur, se dit-elle, perplexe.
Elle alla dans la cuisine et comprit. Depuis le début, les bruits qu’elle entendait étaient des cris de bébé. Une seule pensée traversa son esprit à cet instant, Kathleen n’avait pas d’enfant.
Un frisson parcourut Kathleen de la tête aux pieds. Les cris ne venaient pas de l’extérieur de la maison, mais de son sous-sol. Elle se figea instantanément. Prise de panique, elle ne sut plus comment réagir. Kathleen savait qu’elle devait aller voir ce qu’il y avait. Elle ne pouvait pas alerter les gens du quartier avant. Ils la prendraient pour une folle. Malgré la panique et la peur qu’elle ressentait, elle prit son courage à deux mains, alluma la lumière des escaliers et descendit, tremblante…
Kathleen respirait de plus en plus fort et vite à chaque marche qu’elle descendait. Une fois arrivée en bas de l’escalier, elle s’arrêta nette. La porte de son garde-manger était entrouverte, alors qu’elle était sûre de l’avoir fermée lorsqu’elle y était descendue hier. La jeune femme poussa la porte, en sueur, et alluma la lampe. Un enregistrement était posé sur un carton, qui répétait les cris en boucle depuis bientôt dix minutes. Son visage afficha une expression d’horreur lorsqu’elle se rendit compte que personne ne lui avait rendu visite depuis deux semaines…
La porte se referma d’un coup sec sur elle. La dernière chose que l’on entendit fut un grand cri, et puis plus rien. Personne ne sut ce qui s’était vraiment passé…