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Monsieur Alberto Angeretti, directeur du Collège du Léman

Il est directeur de l’établissement secondaire de Renens et part à la retraite à la fin mars 2018. Voici les questions que les élèves de 9VP1 lui ont posées, préparées ensemble en classe.

Les élèves : « Bonjour M. Angeretti, nous allons vous poser quelques questions. »

M.Angeretti : « Bonjour, avec plaisir. »

Les élèves : « Quel est votre parcours de vie ? »

M.Angeretti : « Mon parcours de vie a commencé il y a fort longtemps puisque j’ai aujourd’hui 65 ans. J’ai tout d’abord commencé comme employé dans un bureau en tant que responsable comptable et des ressources humaines puis ensuite je me suis dirigé vers l’enseignement. J’ai donc fait une carrière d’instituteur pendant quelques années puis une carrière de professeur formateur à l’école normale de Lausanne, cette grande école à l’époque qui formait l’ensemble des institutrices et des instituteurs du canton. J’ai eu pendant une dizaine d’années la responsabilité de la direction de cette école et à la suite de la fermeture de cette école, la haute école pédagogique a pris le relais et j’ai postulé au poste de directeur à Renens. Et je suis arrivé ici parmi vous depuis 2002. Voilà mon parcours de vie, c’est un long parcours, plus de 40 ans au service de l’école, des élèves, des apprentissages des uns et des autres. »

Les élèves : « Êtiez-vous un bon élève à notre âge ? »

M. Angeretti : « J’ai toujours pensé que je n’étais pas si bon élève que ça mais au fur et à mesure du temps lorsque mes parents m’ont transmis mon livret scolaire j’ai constaté que j’étais un élève tout à fait ordinaire, sans être trop bon ni trop mauvais. Oui je pense que j’ose dire que j’étais un bon élève, un élève qui aimait l’école, qui aimait apprendre, découvrir, c’est peut-être bien pour ça que je suis resté autant d’années dans l’école. »

Les élèves : « Est-ce que vous aimiez l’école ? »

M. Angeretti : « Oui je crois que j’aimais l’école, parce que les enseignants nous proposaient plein d’activités, ils nous offraient des possibilités de jeux, d’amusements, de diversité et puis surtout je rencontrais plein d’amis, les amis du quartier, qui venaient d’ailleurs et ça c’était quelque chose qui m’a énormément plu. »

Les élèves : « Qu’est-ce qui vous a décidé à devenir directeur du Collège du Léman ? »

M. Angeretti : « Alors je ne sais pas si on décide de devenir directeur du Collège du Léman mais plutôt de prendre la fonction de directeur dans un établissement. Peut-être que vous ne le savez pas mais on ne dit pas «  je vais être directeur de Renens », il faut que d’abord ces postes soient libres, à Renens, à Lausanne, à Ecublens, à Chavannes puis on fait acte de candidature, on envoie un courrier au responsable en leur demandant de bien vouloir prendre compte de notre candidature et proposer nos services avec toute une série d’arguments : pourquoi devenir directeur, quels sont nos qualités et nos défauts, partager dans un entretien et c’est comme cela que j’ai été retenu pour venir à Renens.  À Renens j’ai postulé simplement parce que dans ma jeunesse, entre 13 et 17 ans, je faisais du scootisme sur Renens où l’on partageait des week-ends, des activités, c’était un endroit que je connaissais déjà. Et puis ce qui est important c’est que je suis moi-même fils d’immigré et à Renens j’ai retrouvé plein de personnes qui viennent d’ailleurs. La composition de cet établissement m’a plu, ça faisait partie de mes critères par rapport à mon parcours scolaire en tant que fils d’immigré de pouvoir mieux répondre à des difficultés que les uns et les autres rencontrent dans l’intégration. Renens c’était un privilège pour moi. »

Les élèves : « Est-ce compliqué d’être directeur ? »

M. Angeretti : « Je ne sais pas si c’est compliqué d’être directeur. Je pense qu’il y a des moments où effectivement c’est compliqué parce que l’on n’a pas toutes les solutions et surtout qu’on attend de nous d’avoir des réponses à tout, des solutions à tout si l’on interroge le directeur c’est pour qu’il réponde très rapidement, qu’il mette en œuvre quelque chose, qu’il crée quelque chose tout de suite, c’est là où c’est le plus compliqué. Sinon globalement c’est un problème de partage des responsabilités et sans les maîtres et les élèves il n’y aurait pas de directeur, cette union crée un établissement et aussi une histoire compliquée pour le directeur. »

Les élèves : « Quelle est la plus grosse bêtise qu’un élève a commis dans l’établissement ? »

M.Angeretti : « Il y en a beaucoup. Beaucoup sont vraiment de la bêtise, par exemple on met une allumette dans une corbeille à papiers, la corbeille à papiers prend feu juste pour voir si ça brûle ou pas. Ou bien on presse sur le bouton de l’alarme incendie qui déclenche une évacuation. Là on est plutôt dans les bêtises. Ensuite il y a des comportements d’élèves à l’égard du corps enseignant qui sont inacceptables. Il y a plusieurs années de ça, un jeune garçon a frappé un de mes maîtres. On peut considérer que c’est une énorme bêtise, elle est gravissime. Lorsque je reçois ces élèves qui commettent des petites ou des grandes bêtises, ils ne se rendent pas toujours compte de ce qui s’est réellement passé.»

Les élèves : « Est-ce que vous avez des enfants ? »

M. Angeretti : « Oui j’ai un garçon et une fille, Paolo et Debora, ils sont grands maintenant, ils ont 25 et 23 ans, l’un est policier et l’autre est secrétaire. »

Les élèves : « Avez-vous accompli un des vos rêves ? »

M. Angeretti : « Oui certainement, j’ai accompli des rêves, l’un d’eux était de pouvoir partager, faire découvrir à d’autres ce que moi j’ai découvert dans ma jeunesse, je l’ai fait comme enseignant et directeur. »

Les élèves : « Que faites-vous pendant votre temps libre ? »

M.Angeretti : « Oh mon Dieu, plein de choses, peut-être trop. Je lis, je fais mon potager, du vélo, du ski, de la natation, des balades et puis depuis quelques années je m’occupe d’une grande équipe de volley-ball, l’équipe du VBC Cheseaux de ligue nationale dont je suis le président de cette très belle équipe de jeunes femmes, j’espère pouvoir le rester encore longtemps. »

Les élèves : « Quelle est votre plus grande fierté ? »

M. Angeretti : « D’avoir donné mon temps à d’autres, des élèves, des enseignants, des amis, d’avoir partager des émotions, des plaisirs, c’est ma plus grande fierté. »

Les élèves : « Et votre plus grande peur ? »

M. Angeretti : « Pendant des vacances, j’ai eu peur de perdre mes enfants par noyade. Ils ont été entrainés dans un fleuve par le courant et j’ai eu la chance de pouvoir les sortir à temps. Ça a été ma plus grande peur je crois. »

Les élèves : « Comment vous sentez-vous face à la retraite ? »

M. Angeretti : « Je me sens bien, je ne vais pas vraiment à la retraite car je vais recommencer une nouvelle activité bientôt, pour certains à la retraite on arrête tout, on se repose, moi je pense que je vais faire plusieurs choses en même temps, continuer à faire du sport, à me reposer et aller vers une nouvelle activité professionnelle où je vais continuer à rencontrer du monde, à partager des responsabilités. Je vais aussi donner de mon temps à cette équipe, les accompagner et continuer à réussir. »

Les élèves : « Quelle est la chose qui vous manquera le plus au Collège du Léman ? »

M. Angeretti : « Toutes celles et ceux avec qui j’ai pu partager ces 15 années de travail intense, mon équipe de direction qui sont devenus des amis, les dames du secrétariat, les apprentis avec qui on travaille. J’espère pouvoir continuer à garder quelques contacts avec toutes ces personnes et partager encore ce qu’ils feront, ce que je ferais. »

Les élèves : « Combien d’enseignants avez-vous connu durant votre carrière ? »

M. Angeretti : « Oh mon Dieu, c’est une bonne question mais je n’ai jamais fait de calculs, mais si l’on fait 2002 à 2017 cela fait 15 ans de direction et j’ai connu à peu près entre 70 et 80 maîtres par année. Parmi eux il y en a encore quelques-uns qui sont là et d’autres qui sont partis, mais peut-être 300, 400, 500 personnes. »

Les élèves : « Avez-vous un objet fétiche ? »

M. Angeretti : « J’ai un objet fétiche, je le porte toujours autour de mon cou. C’est la tortue. »

Les élèves : « Et pourquoi la tortue ? »

M. Angeretti : « Parce que la tortue, elle avance lentement, sereinement, quand vous voyez une tortue avancer c’est magnifique et elle est en permance protégée par sa maison, sa carapace qu’elle transporte. Une tortue c’est solide, c’est mon objet fétiche depuis longtemps. »

Les élèves : « Avez-vous quelque chose à ajouter ? »

M. Angeretti : « J’ai rencontré plusieurs fois des élèves qui viennent m’interviewer et c’est très agréable de voir vos intérêts. C’est grâce à vous aussi que je suis resté dans ce métier pendant tant d’années, grâce à vos sourires, bêtises. Les belles choses de la vie que vous vous donnez les uns et les autres. »

Les élèves : « Merci et on vous souhaite une bonne retraite. »