Marianne Huguenin
Interview donnée par Marianne Huguenin le 24 janvier 2018.
– Quand et combien de temps avez-vous été syndique?
J’ai été syndique pendant 10 ans, de juillet 2006 à juillet 2016. Cela correspond à 2 législatures.
– Comment devient-on syndic/que? quel parcours mène à cette fonction?
L’originalité de notre système politique permet à chacun de devenir syndic. Des étrangers peuvent même devenir syndics. En Suisse depuis 3 ans et dans le canton de Vaud depuis 10 ans, on peut voter et être élu. Parmi les syndics on trouve de tout: des universitaires comme des non-universitaires. Ce qu’il faut, c’est démontrer un intérêt pour la politique, la gestion d’une ville ou d’un village.
Avant d’être syndique, j’ai été à la Municipalité pendant 10 ans. J’ai aussi été au Conseil communal de la ville.
– Comment est-on élu syndic/que?
Le système vaudois prévoit d’abord une élection à la Municipalité. Puis il y a une élection par le peuple, Suisses et étrangers. La première fois, j’ai été élue après le premier tour, les autres candidats s’étant désistés pour le second. La deuxième fois, il n’y avait pas d’autre candidat et il n’y a pas eu d’élection.
– En quoi consiste la charge de syndic/que?
Le syndic est le président de la Municipalité, qui est le gouvernement de la ville. La municipalité compte 7 membres. Le syndic a des tâches qui sont les siennes – relations extérieures, ressources humaines, ou finances par ex. Il doit aussi présider les membres de la Municipalité et est responsable de son fonctionnement. Il représente souvent la ville à l’extérieur, pour les grands projets en particulier.
– Est-ce plus difficile d’être une femme quand on occupe cette charge?
Oui et non. Les femmes restent minoritaires dans les municipalités et aux syndicatures. Actuellement il y a plus de femmes à la Municipalité de Renens (4 sur 7 membres). Mais quand j’étais syndique, j’étais la seule femme des communes de l’ouest et on était 2 femmes sur les 12 villes du canton. Ce n’est donc pas si fréquent et il y a des résistances.
– Qu’est-ce qui a été le plus intéressant pour vous dans ce poste?
Tout est intéressant. On vient de son horizon professionnel – j’étais médecin – et dans le cadre de la gestion de la ville on découvre toutes sortes de corps de métiers – enseignants, urbanistes, gestion des ressources humaines, techniciens de différents domaines. Et on rencontre les électeurs. Ce qui est intéressant c’est de rencontrer les gens. Le défi c’est aussi de faire fonctionner une équipe, la Municipalité, qui réunit différents partis.
– Qu’est-ce qui a été le plus dur?
Le plus dur dans une ville comme Renens, c’est de faire face à l’ampleur des besoins, de réussir à réaliser tout ce qu’on aimerait faire. On est limité par les ressources financières. En effet les salaires sont plutôt bas à Renens et les impôts rapportent relativement peu. Il y a un fossé entre les nécessités et les moyens. On est aussi limité par le fait que les grandes décisions politiques se prennent au niveau du canton et à Berne
– Quel est le projet réalisé pendant votre mandat dont vous êtes la plus fière?
J’ai de la peine à en trouver un. Il y a beaucoup de choses dont je suis fière – mais il est important de dire que derrière il y a une équipe, le personnel communal, le conseil communal. On a relancé la politique de la petite enfance – les crèches, etc. – poussé en avant de grands projets d’infrastructures pour Renens – la rénovation de la gare, le tram – lancé la rénovation de la place du marché. On a racheté et rénové la Ferme des Tillleuls, dont je m’occupe maintenant. C’est un projet culturel dont je suis fière et contente. On a créé une dynamique de tout l’ouest lausannois avec les autres syndics.
– Cette activité vous manque-t-elle?
Bien sûr je peux avoir de la nostalgie. Mais comme je peux en avoir pour mon travail de médecin. Il faut beaucoup d’énergie pour cette activité, on travaille beaucoup plus que la moyenne. J’ai travaillé jusqu’à 66 ans. Il faut savoir laisser la place à d’autres à un moment.
– Quels ont été vos autres engagements politiques?
J’ai eu des engagements politiques toute ma vie. J’ai été députée au Grand Conseil vaudois, parlementaire au Conseil national, membre du Conseil communal de Renens. Mais les engagements politiques ne sont pas seulement les mandats institutionnels. J’ai surtout milité dans un parti, le POP. Je me suis engagée pour des questions féministes, comme la libéralisation de l’interruption de grossesse, le congé maternité. Je me suis engagée sur des sujets comme le Chili, pour des projets de justice sociale, comme les allocations familiales, la caisse unique pour l’assurance maladie, etc.
Aube 10P4