Encore des histoires…
Balade en Camargue
Ah, la Camargue! Camille était si contente d’y aller! Cela faisait un mois qu’elle avait réservé une belle maison perdue au coeur de la Camargue. Maintenant, elle y était. « Mais que vais-je bien pouvoir faire? » se dit-elle. La jeune femme ouvrit un petit dépliant qu’elle avait acheté dans une office du tourisme. « Oh! Une balade à cheval au départ du ranch « Le Palomino ». Quelle bonne idée!» s’écria-t-elle. Elle ne savait pas monter à cheval. Mais ça n’avait pas d’importance. Le cheval, c’était typique de la Camargue! Il fallait qu’elle le fasse! C’était obligatoire! Camille appela les propriétaire et fixa la balade au lendemain à quatre heures.
Le lendemain, elle arriva au ranch avant l’heure, mais elle n’était pas la première On lui donna une bombe, puis on lui sella un cheval du nom de Fripon. « Ça promet! » se dit-elle, en entendant le nom du cheval Camarguais. Ils lui donnèrent une cravache, le petit groupe partit pour de bon. « En avant! »
Au bout d’un moment, les cavaliers s’arrêtèrent pour observer les nombreux flamants roses qui étaient rassemblés dans les marais. Camille avait le Mistral (un vent) qui lui fouettait le visage. Fripon semblait fatigué. Puis ils repartirent au trot… sauf Camille car son cheval épuisé par le Mistral refusait d’avancer. Elle avait tellement peur qu’elle n’eut pas la force d’appeler le groupe qui disparaissait derrière des buissons.
Elle se retrouva seule. Son cheval broutait sans se soucier d’elle. Au bout de longues minutes, elle parvient à le faire avancer, au pas, puis au trot. Mais les autres étaient déjà loin. Alors, elle décida de retourner en arrière. « Dans les films, ça marche. Alors pourquoi pas maintenant? » dit-elle pour se rassurer. Elle fit tourner Fripon puis ils marchèrent pendant vingt minutes qui lui parurent une éternité. La peur lui nouait la gorge. Elle ne reconnaissait pas le paysage et les flamants roses avaient disparu. Quand soudain, elle se retrouva entourée de petits buissons épineux. Fripon les enjamba sans problème en exécutant une petite danse qui manqua de la faire tomber plus d’une fois. Pas rassurée, elle décida de s’arrêter, elle laissa brouter à sa guise, il l’avait bien mérité! Au moment de repartir, elle remarqua que Fripon boitillait. Elle vit que sa patte antérieure droite était gonflée. Elle était inquiète. Elle prit les rênes et décida de continuer à pied. Fripon boitait en la regardant. Il lui lançait des regards plein de détresse. Camille, elle, avait envie de pleurer.
Soudain, l’animal se mit à accélérer malgré sa blessure. Camille vit l’écurie , celle d’ou elle était partie. Heureuse, elle se dirigea vers le ranch. Elle regarda sa montre. Cela faisait deux heures qu‘elle était perdue!…
La suite au prochaine épisode…
Val.
Le jour où ma vie a basculé
Tout était encore bien ce jour-là. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je n’avais que neuf ans, mais pour une fille de neuf ans c’était déjà effroyable.
C’était l’été et je jouais encore avec mes amis. On était dans un parc avec notre colonie de vacances, on s’amusait comme tout enfant de neuf ans. Ma mère était venue me chercher vers dix-sept heures, comme tous les jours qui avaient suivi. Elle travaillait beaucoup pour soutenir la famille car mon père était parti vivre à l’étranger. Je m’étais habituée à la distance même si parfois je pensais à lui très tard le soir. Ce jour-là changea complètement ma vie. Ma mère m’avait annoncé qu’on partirait rejoindre mon père en Suisse.
Au tout début, je croyais que c’était une bonne blague. Mais quand elle m’a dit qu’elle avait déjà acheté les billets d’avion, j’ai fondu en larmes. Dans un mois, je partirais dans un pays inconnu et je laisserais derrière moi toute ma vie. La maison où j’avais passé toute mon enfance, mes amis que je connaissais depuis toujours mais surtout, ma patrie. Mon cher pays et ma famille.
On avait commencé à se débarrasser petit à petit des choses. D’abord, maman avait annulé mon inscription dans la plus prestigieuse des écoles du pays. J’avais travaillé dur pour être admise mais en vain. Ça m’a brisé le cœur. Ensuite, elle s’était débarrassée de toutes nos affaires. Elle m’avait dit de ne garder que l’essentiel. C’est ce que j’ai fait. Pourtant, tout était essentiel à mes yeux. Le plus dur a été de laisser mon chat qui représentait beaucoup pour moi. C’était comme une sœur que je n’aurais jamais.
Lorsque le jour de mon départ arriva, j’étais engloutie par la peur. Nous nous étions réveillées vers quatre heures du matin. La dernière fois que je me réveillais dans ma chambre. On avait appelé un taxi parce que les valises emportaient toute notre douleur. Physique et sentimentale. Nous arrivâmes à la gare où nous prîmes un bus. Le trajet me parut interminable. C’était la première fois que je ressentais un chagrin aussi profond.
L’aéroport était gigantesque. Je n’en avais jamais vu auparavant. Plus j’avançais, plus j’avais peur de reculer. J’avais gardé ma peluche auprès de moi pour me réconforter.
Quand j’ai vu l’avion arriver, j’étais époustouflée. Comment quelque chose d’aussi dangereux pouvait être aussi grandiose? Je me suis assise à ma place et j’ai commencé à paniquer. Et tout d’un coup cette panique m’a aidée à mieux comprendre mon avenir. J’avais la chance de recommencer à zéro, chance que beaucoup de personnes n’ont pas. Vivre ça à mon âge est certes terrifiant, mais ça rendait une partie de moi plus forte, plus courageuse.
Mon cœur battait la chamade quand j’ai vu mon père nous attendre, le sourire aux lèvres. Pendant le trajet du train, il nous avait offert des biscuits au beurre en forme de cœur. Ils avaient un goût particulier qui les distinguaient des autres. Le goût de l’amour sincère.
Ce fut un voyage très marquant et douloureux pour moi. Beaucoup de personnes ne s’en sortent pas et je pense très fort à elles. Trois années se sont écroulées depuis. Nous avons réussi à nous stabiliser et je me suis refait ma propre vie. Je vivrai chaque instant sans hésiter et n’aurais peur de rien.
Beatriz