Est-ce vrai?
Déjà deux mois que mes parents n’étaient plus présents. 12 octobre 2004, cette date resterait gravée en moi. Je n’arriverais pas à combler le vide qu’ils avaient laissé. Depuis ma fenêtre, je regardais la tour Eiffel éclairée par les rayons du soleil. J’aurais aimé y passer mon vingt-huitième anniversaire avec eux.
Je regardai ma montre et je me rendis compte qu’il était déjà neuf heures. « Mince, il faut que je me dépêche », pensai-je, « je dois chercher les affaires de Papa, Maman chez eux avant que le propriétaire ne vienne pour tout prendre et vider l’appartement ».
Quand je suis arrivée, je me suis dirigée vers le bureau de mon père. Un livre mystérieux avait directement attiré mon attention. En le feuilletant, je me rendis compte que l’expérience qui avait donné la mort à mes parents était dans ce livre. Une idée m’avait d’un coup traversé l’esprit, mais d’abord je devais vite me rendre au travail. Même si j’avais les moyens, mon travail me faisait sentir indépendante. Quand je m’y rendais, j’avais une facilité à me vider l’esprit car j’étais une bosseuse et j’aimais aller au bout de mes limites. Mais cette fois-ci, le bouquin ne me sortait pas de la tête. Je n’avais qu’une hâte, c’était de finir ma journée pour pouvoir me rendre au laboratoire afin de tenter cette fameuse expérience. A la fin des cours, je m’installai dans la bibliothèque pour lire le livre plus attentivement afin de ne pas me tromper dans l’expérience qui n’avait vraiment pas l’air compliquée. Je faisais attention à chaque petit détail du livre.
Après que j’eus fini de lire le livre de sciences de mes parents, je décidai de me rendre dans le laboratoire de l’université pour être seule et dérangée par personne. Je voulais être tranquille pour savoir ce qui s’était passé avec mes parents, ça comptait beaucoup pour moi. Je pris un bécher et quelques éprouvettes. Je devais manipuler les composants chimiques avec précaution, la moindre erreur aurait pu troubler l’expérience ou être fatale. Je suivis chaque étape à la lettre. Je pris le premier liquide et le versai dans le bécher. Je ressentis quelque chose de bizarre, un genre de malaise. Mais je me disais malgré ma crainte qu’il fallait à tout prix que j’aille au bout de cette expérience. Je versai mon premier liquide dans le second et le mélange que j’obtins des deux donna un résultat effrayant. La couleur verdâtre et l’odeur qui émanait du bécher n’était que très peu rassurante. Mon expérience prit une tournure inhabituelle et quand j’ajoutai la poudre ce fut pire. Je mélangeai et une fumée noire s’échappa du récipient. J’eus à peine le temps de me retourner et d’ouvrir le conduit d’aération. Après que la fumée se fut dissipée, je vis le bécher qui tremblait sur la table. Je me précipitai vers la porte mais celle-ci était fermée. Je me demandais par où j’allais sortir. J’étais effrayée et paniquée. Je me retournai et soudain devant moi se dressa une créature imposante. Cette espèce de monstre touchait le plafond et devait faire six fois mon poids. Je fus tellement choquée et troublée que ma tête commença à tourner. Je tombai et ne vis plus rien.
Je sentis quelqu’un me secouer et je me réveillai. C’était ma meilleure amie, Elisa. Je racontai ce qui s’était passé avant de m’évanouir. J’avais l’impression qu’elle n’était pas comme avant, comme si elle n’était pas elle-même. Elle me lança un regard froid avant de me proposer de rentrer chez moi car elle pensait probablement que j’étais simplement fatiguée et que j’avais eu une hallucination. Après quelques secondes de réflexion, je commençai à douter de moi-même et elle avait sans doute raison. Je me levai pour partir, elle me prit par l’épaule : « fais attention à toi », dit-elle avec un sourire mesquin.
Arrivée chez moi, je me posai sur mon lit en pensant à tout ce qui s’était passé cette journée en ayant des frissons inconnus. « J’ai peur ! » criai-je. Pendant toute la soirée, je n’ai pas fermé l’œil.
Le lendemain matin, je croisai Elisa à l’université. Je lui demandai ce qu’elle faisait en salle de sciences la veille. Elle s’étonna, elle ne comprenait pas de quoi je parlais, car elle ne passait jamais au laboratoire, ce n’était pas habituel et elle dînait au restaurant avec sa famille à ce moment-là. Mais je ne la crus pas et j’insistai qu’elle était bel et bien au laboratoire puisqu’elle m’avait réveillée et m’avait proposé de rentrer chez moi pour me reposer. Elisa me répéta qu’elle n’était jamais allée à la salle de sciences et qu’elle ne m’avait jamais réveillée. Je ne comprenais pas, j’étais absolument sûre d’avoir vu ma meilleure amie me réveiller. Je pensai qu’elle me faisait une blague mais elle avait l’air très sérieuse. Sur le chemin pour rentrer chez moi, je me posai plein de questions.
Le soir même, quelqu’un sonna à ma porte. Il s’agissait de mon camarade, Liam, avec lequel je devais faire un rapport de sciences. J’étais surprise de sa visite mais je lui dis d’entrer et de ne pas rester au froid. Je lui proposai ensuite de m’attendre dans ma chambre car j’allais lui préparer un verre d’eau. Petit à petit, je commençai à entendre des bruits étranges se rapprocher de moi, ça me donna la chair de poule. J’étais restée figée, ne sachant pas quoi faire, quand soudainement une main glacée se posa sur mon épaule. Je sursautai de peur et poussai un cri aigu. Mais c’était juste Liam ! Cela me rassura mais j’étais toujours apeurée. Je lui demandai s’il avait entendu la même chose que moi mais il me dit que non, bizarre.
A la fin de notre projet, je raccompagnai Liam jusqu’à ma porte, on se salua et il partit. Il était minuit, je ferais mieux d’aller dormir. Mais les bruits étranges étaient de retour, ils recommencèrent pendant cinq longues minutes puis s’arrêtèrent. Quelques instants plus tard, c’était des gouttes d’eau tomber sur le sol que j’entendis, ça me faisait froid dans le dos. Le fait qu’il ne pleuvait pas était encore plus effrayant. Je n’arrivais pas à fermer l’œil afin de dormir, j’allais sûrement faire une nuit blanche. Le matin, au réveil, je suis allée vérifier si la porte était bien verrouillée. Il y avait un liquide sur le sol, il était semblable au liquide que j’avais utilisé pour l’expérience, j’étais bouche-bée. J’avais de plus en plus peur car, j’en étais sûre, il y avait un monstre qui était sorti du bécher et qui me suivait sans que je m’en rende compte. Je me posais donc plein de questions sauf que je n’avais pas beaucoup de temps car sinon j’allais être en retard. En classe, je demandai à Liam s’il était bien rentré le soir d’avant. Il me répondit qu’il ne voyait pas de quoi je parlais vu qu’il était à une fête avec ses amis de l’université.
Durant des semaines cette histoire me troubla puis, un jour, ma meilleure amie sonna chez moi. Nous discutions de tout et de rien mais, pour je ne sais quelle raison, je ressentis des sensations bizarres. J’avais comme peur mais en même temps j’étais rassurée parce que mon amie était là. Mais plus je me rapprochais d’elle, plus j’avais la même sensation que quand Liam était là. Pendant un instant, je pensai qu’elle était le monstre. Mais je trouvais ça improbable. Quelques heures passèrent et je reçus un message : c’était Elisa, ma meilleure amie, mais ce n’était pas possible vu qu’elle était à côté de moi. Et là je me rappelai que Liam m’avait dit n’être jamais venu alors que oui. Quand Elisa était venue me réveiller au labo elle m’a aussi dit le lendemain n’être jamais venue me réveiller. Et là tout était devenu clair dans ma tête : c’était le monstre, car c’était lui qui prenait l’apparence des gens que je connaissais et c’était aussi lui qui était assis dans mon salon.
Mais je ne comprenais pas pourquoi il ne me tuait pas. Alors je décidai d’aller dans le salon et de le lui demander.
– C’est toi n’est-ce pas, c’est toi qui me manipules depuis des semaines.
Et là en rigolant, il prit sa véritable apparence. Il me félicita. Il me dit être plus maline que mes parents. Mais je ne savais pas comment il connaissait mes parents. Je lui demandai donc.
– Comment connais-tu mes parents ?
– Il y a quinze ans, tes parents m’ont utilisé moi et tout mon peuple comme cobayes. Nous avons été enfermés pendant un an et demi dans un laboratoire. Jusqu’au jour où nous avons réussi à nous échapper. Ce jour-là, j’ai juré me venger d’eux et de détruire tout ce qu’ils avaient de cher.
Pendant qu’il me racontait son histoire, j’envoyai un message de SOS à mes amies. Mais j’avais peur, il parlait de plus en plus fort, de plus en plus agressivement :
– Puis un jour je me suis à nouveau rendu dans leur labo et je les ai massacrés, déchiquetés, mais par je ne sais quel miracle, ils ont réussi à m’enfermer dans ce bécher. Puis il y a quelques semaines, tu as fait cette chose qui m’a fait sortir de là. Au début j’avais pensé te tuer, mais je n’aurais pas eu ma revanche alors je me suis dit que la meilleure façon de me venger était de te rendre folle et de te …
Et là, avant même qu’il puisse finir sa phrase, la police arriva. A l’arrivée de la police, le monstre a couru dans ma chambre. Je dis au policier que le monstre était dans ma chambre et qu’il y avait des écritures bizarres, car auparavant, à l’arrivée du monstre, j’avais vu du coin de l’œil par la porte entre-ouverte de ma chambre qu’il y avait des écritures sur le mur. Au début je fus surprise, mais je décidai de rester calme jusqu’à l’arrivée de la police.
Le policier un peu sceptique me suivit jusqu’à la chambre. Sur le chemin, je lui expliquai :
– Il y a des écritures sur mon mur et un monstre dans ma chambre !. Le policier ne répondit pas, sachant que j’avais agi bizarrement ces derniers mois. Nous arrivâmes dans la chambre et, comme il se doutait bien, aucun monstre ni aucune écriture sur les murs. Alors je m’écriai :
– Je vous jure qu’elles étaient là ! Je vous en prie, croyez-moi !
Le policier m’emmena à l’hôpital et plusieurs mois après, je me fis interner dans un asile sans savoir si j’étais vraiment folle ou non. Tout se passa assez bien dans l’asile. Trois mois plus tard, les médecins étaient confiants et pensaient me faire sortir bientôt. Le jour où je fus libérée, je rentrai chez moi sauf que sur les murs, les mêmes mots apparaissaient. Je criai de peur et appelai la police. Pendant le trajet où la police m’emmenait, je regardais par la fenêtre. Soudain, je crus voir mon père sur le trottoir et je criai de peur. Le policier prit peur à cause du cri et, ne voyant pas la voiture arrivant en face, il la percuta et tout le monde mourut sur le coup.