Interview de Maï
Exceptionnellement, nous avons mené une deuxième interview pour ce numéro. Il s’agit de Maï (pseudonyme), une enseignante de notre établissement et ancienne danseuse d’une école de danse de renom, le Ballet Béjart. Elle témoigne de son expérience dans cette école.
À quel âge avez-vous commencé la danse ?
C’est vraiment loin, je devais avoir trois ou quatre ans. J’ai commencé dans mon petit village parce que j’habitais à la campagne. Il y avait une école de danse moderne, j’ai commencé là-bas. Après j’ai voulu essayer la danse classique donc je suis allée dans la ville d’à côté où il y avait plus de cours qui étaient proposés. J’ai intégré une école de danse classique jusqu’à mes douze ans environ. Mais, je me suis rapidement rendu compte que la danse classique s’était pas fait pour moi. Il fallait avoir un corps très filiforme, et on me disait toujours de rentrer le bassin. Parce que je suis originaire des îles et j’ai les formes qui vont avec. Il fallait rentrer les fesses et rien ne devaient dépasser pour la danse classique. Et aussi, j’ai toujours aimé danser, j’avais besoin de danser pour m’exprimer, et la danse classique s’était trop rigide pour moi. Donc j’ai commencé à faire de la danse contemporaine.
Comment avez-vous intégré le Ballet Béjart ?
Alors, le Ballet Béjart et l’école Béjart se sont deux choses différentes. Il y a l’école, qui est loin d’être une école ordinaire de danse comme les autres. Mais, ça reste une école pour les apprenants en général qui sont semi pro ou pro à l’époque. Puis, il y a le Ballet Béjart où il faut déjà avoir fait quelques années dans cette école semi-pro pour l’intégrer.
Le travail de danseuse est-il un travail ardu ?
Comme tout travail sportif de haut niveau. On pouvait avoir des journées de 10h. de danse. Il faut prendre soin de son corps car ce n’est pas facile. C’est une compétition de tous les jours. Parmi les danseuses, il y a beaucoup de compétition. C’était des coups vicieux qu’on se faisait, par exemple couper les lacets des chaussons, ou cacher le matériel des autres. C’est aussi compliqué avec tout ce qui concerne les TCA (trouble du comportement alimentaire). Il y a beaucoup de danseuses qui sont touchées par la boulimie et l’anorexie. Pour intégrer, l’école il y a des restrictions comme le poids. Parce qu’il y a les portés et les hommes ne peuvent pas porter des charges trop lourdes. Il me semble qu’à mon époque il fallait peser 60 kilos.
Comment se passe une journée type en tant que danseuse ?
Le réveil, le petit déjeuner, ou pas car il y a beaucoup de restrictions niveau nourriture. Ensuite, étirements et répétitions des mouvements de la veille, et on répète, on répète. Tu fais des cours de danse, tu fais des chorégraphies, on fait des petites pauses et on mange l’après-midi car depuis le réveil nous n’avons toujours rien ingurgiter. Finalement, il y a des sessions de cours de culture générale.
Auriez-vous des conseils pour les jeunes qui souhaitent se lancer dans une carrière à Maurice Béjart ?
Je vous encourage fortement, il faut foncer. Mais n’oubliez pas que la santé reste le plus important. Et puis, il faut prendre en compte qu’il y aura des restrictions, comme les finances.
CC
Cc